Quand les comédiens retournent à l'école
Plus de 200 spectacles d'humour sont joués à Paris chaque soir. L’engouement actuel pour cette forme d’expression est bien réel. Si l’intérêt des spectateurs est vif, celui des aspirants humoristes l’est encore plus : envisager l’humour comme une activité professionnelle n’a plus rien d’anormal aujourd’hui. A Paris, plusieurs écoles forment au métier d’humoriste. Chacune a ses méthodes, et pour qui voudrait en intégrer une, le mieux serait d’envisager ces formations dans leur globalité. Tour d’horizon de quatre écoles du rire parisiennes.
La Comic Academy Paris, une solide formation de comédien
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Parmi la dizaine d’élèves, tous ne souhaitent pas faire de l’humour leur métier. « Ceux qui veulent devenir humoristes professionnels sont généralement plus jeunes et représentent un tiers des élèves. Les autres – surtout des cadres - fréquentent le cours comme un loisir, parce qu’ils aiment bien jouer tout simplement », explique Pascal Daubias, en précisant que la moyenne d’âge avoisine les 30 ans. La séance commence, et les élèves jouent leurs sketches un par un. Tous reçoivent des conseils sur le ton de la voix, la bonne manière de jouer les répliques, voire sur la gestion de l’espace et le contact avec le public. « Le jeu, c’est deux choses ensemble : le personnage et son visuel », explique le maître. Si la plupart sont demandeurs de conseils concrets, certains, surtout au début, ont besoin de plus d’entraînement pour se sentir libres de faire n’importe quoi sur scène, ne pas avoir de blocages. Tout oser.
« Les cours m’ont fait travailler sur la sincérité du jeu et m’ont appris à rendre le texte plus fort. Par ailleurs, Pascal est un excellent metteur en scène », raconte Camille Broquet, ancienne élève devenue comédienne. « Nous avons consacré pas mal de temps à travailler sur les intonations, au fait de jouer le personnage et non simplement débiter le texte », ajoute Germain Récamier, autre ancien élève et auteur de la pièce Duos. Au fil des cours, les élèves apprendront également comment se mettre en scène et à trouver de nouvelles idées. Moment important de l’apprentissage, une fois les sketches préparés, les élèves se produisent au Théâtre de Dix Heures et au Café de la Gare, deux salles parisiennes. Une fois par mois, les sketches encore en préparation sont testés lors des Labos du rire au restaurant Le Kibelé dans la capitale.
L’ACAC, dans l’univers du cabaret
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À l’image d’un élève qui souhaitait initialement devenir humoriste, mais qui avait les facultés d’un raconteur d’histoires, et qui a essayé d’en apprendre quelques-unes « pour la prochaine fois ». Verdict : « Tu es fait pour ça », lui lance le professeur. Le meilleur moyen de détecter les talents, c’est bien sûr de faire monter les élèves sur scène. Sous les lumières et devant un micro. Chacun reçoit des conseils sur son jeu. « Un jour j’ai vu un sketch du ventriloquie Jeff Panacloc, et j’ai tout de suite voulu apprendre à faire pareil. Les conseils de William Klank sur mon jeu m’ont ont été d’une grande utilité », témoigne Yahia Zaouche, ancien élève ventriloque.
Dans l’avenir, l’ACAC est amenée à se développer. Sébastien Joel, présentateur radio, y assurera des cours de canulars téléphoniques et de chroniques humoristiques. L’école prévoit également de créer des liens de collaboration entre élèves actuels et anciens, de se doter d’une webradio et de partir en tournée à travers la France.
L’École du one man show, pour les plus motivés
A l’école du one man show, différentes formules existent, mais les cours se passent autour des trois savoir-faire que sont l’écriture, l’interprétation et l’improvisation. Les élèves sont y sont d’emblée amenés à écrire des sketches sur des thèmes imposés, travaillant parfois à quatre mains. Une fois le sketch prêt, les occasions de le présenter à un public sont nombreuses, à l’image des Marathons du rire organisés au Théâtre Le Bout. « À chaque représentation, le public vote. Et à chaque passage, une partie des humoristes est éliminée », raconte Juliette Fournis, ancienne élève. « Depuis que j’y suis passée, entre 2012 et 2014, l’école a connu une transformation : l’aspect commercial ressort trop, malheureusement. Ainsi, en première année, les élèves peuvent uniquement jouer des sketches d’auteurs et peaufiner leur jeu. L’écriture, domaine dans lequel j’ai précisément besoin d’être accompagnée, n’arrive qu’en deuxième année. Chacun a besoin d’une manière, d’une méthode pour pouvoir avancer », explique Jennifer Phardin, une autre ancienne élève.Aujourd’hui, forte des acquis faits à l’École, elle prend des cours avec un professeur particulier pour travailler l’écriture, et prépare son premier spectacle intitulé Menu principal, qu’elle jouera au Théâtre de Dix Heures au mois de juin.
La Team make me laugh, la plus discrète
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Une fois par semaine, les élèves jouent leurs sketches devant un public, au Café de l’Arc. La plupart y parlent de leurs origines, essaient de trouver le comique dans leurs propres vies. Après trois mois de présence aux cours, les apprentis humoristes ont la possibilité de se produire dans des salles parisiennes réputées dans le milieu de l’humour, comme le Paname, le So Gymnase ou encore le Sonart. Les écoles, bien qu’elles ne soient pas un point de passage indispensable pour devenir humoriste, jouent un rôle important dans l’accès au métier. Elles restent pertinentes pour les aspirants humoristes qui se remettent en question et cherchent à se perfectionner.