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Scènes ouvertes ou plateaux d'artistes, l'embarras du choix

Humoristes en herbe ou confirmés, ou spectateurs avide de fous rires, à Paris les lieux pour venir présenter ses sketchs ou se payer une bonne tranche de rire sont très nombreux. Petit tour d’horizon non exhaustif des scènes ouvertes et plateaux d’humour. Suivez le guide.

Les scènes ouvertes et plateaux sont de véritables laboratoires de la blague pour les comiques qui ont besoin de tester leurs nouvelles vannes devant un public pas forcément déjà acquis, ou pour les débutants qui doivent se faire connaître pour attirer du public dans leur one-man show. A Paris, il en existe plusieurs dizaines. Si l’envie lui en prend, le spectateur friand d’humour peut assister tous les soirs à des représentations.

Des salles comme le So Gymnase ou le Paname Art Café proposent plusieurs plateaux chaque semaine. D’ailleurs, c’est au sous-sol du Paname qu’il faut descendre pour rigoler, tout comme au Sonart. Du très privé Klub, où c’est Kheiron en personne qui choisit à la fois les humoristes qui se produisent sur scène et les personnes présentent dans le public, aux très ouvertes auditions du So Gymnase et auditions publiques du Café Oscar où il n’y a pas de sélection des artistes et où l’entrée est gratuite, les humoristes se succèdent sur scène, le but étant de proposer en moyenne cinq artistes par spectacle.

Au Fieald (Festival international d’expression artistique libre et désordonnée), la sélection se fait à main levée dans le hall du théâtre une heure avant la représentation. C’est l’une des plus anciennes scènes si ce n’est la plus vieille avec ses 24 piges d’existence et bientôt 1000 éditions au compteur. A deux pas du Fieald, son concurrent du dimanche c’est le Kandidator, qui se transforme cette année en concours. Les deux gagnants, un humoriste et un artiste d’une autre discipline du spectacle vivant, se verront proposer un contrat, une production et la possibilité de présenter leurs spectacles à Paris et en province. Mais avant cela, il leur faudra éviter la foudre du public qui, à tout moment, peut jeter une pantoufle sur scène pour signaler son ennui. Autre récompense, et pas des moindres, la participation au Marrakech du rire et la possibilité d’intégrer la troupe du Jamel Comedy Club ainsi que de se produire dans l’émission de Canal +, pour les deux meilleurs humoristes de la saison passés par la Debjam Comedy au célèbre théâtre le Comedy Club de Jamel Debbouze. Après un an et demi d’existence et 18 éditions, le Can You Feel It Show a quitté le clinquant VIP Room en mars dernier pour mieux revenir prochainement dans une salle encore plus grande. Autre scène qui se tient dans un club, le Chinchman, dans le très joli cadre du Réservoir.

Un objet commun à de nombreux plateaux et scènes : le chapeau. Pas celui que vous mettez sur votre tête, mais celui que vous remplirez, de votre argent, à la sortie du spectacle. Bien souvent l’entrée est gratuite ou dérisoire, mais un chapeau circule à la fin pour les artistes. Enfin, pour les anglophones, plusieurs salles proposent des représentations uniquement dans la langue de Shakespeare. On y retrouve des Français qui viennent se frotter à l’humour US et brittish, mais aussi des expatriés. Leurs blagues tournent beaucoup autour de leur vie d’expat’ et du sexe. Qui l’eut cru ? Maintenant, à vous de choisir. On a cartographié tous ces lieux rien que pour vous.

Laura Bruneau

Palmarès express

La + bling (et la mieux produite) : Can you feel it show
La + familiale : Chinchman by la famille Wiik (le comédien Aurélien Wiik, son papa Pierre-Alain Wiik, comédien aussi et sa maman Françoise Deldick, comédienne)
La + déjantée : Le Fieald avec son équipe d’animation complètement barrée
La + risquée pour les artistes : Kandidator avec le risque de se prendre une pantoufle en pleine poire
La best in English : The New-York Comedy Night
La + conviviale : Les afters du petit labo de Flo qui propose un verre entre spectateurs et artistes après la représentation
La + secrète : Le Klub

Adrien Arnoux, un humoriste en herbe

Musicien d’abord et humoriste depuis peu, Adrien Arnoux sillonne les scènes ouvertes parisiennes. C’est avec une barbe de quelques jours et ses cheveux blonds en bataille qu’il nous a raconté comment le stand-up a croisé son chemin. Rencontre.

« Les amis je crois que ma grand-mère est raciste. C’est un vrai tabou les grands-mères racistes. C’est bizarre parce qu’elles le sont toutes. La mienne, il n’y a pas longtemps est allée voir Qu’est-ce qu’on a fait au bon dieu ? Christian Clavier joue un père catho, toutes ses filles épousent un mec d’une origine différente. Elle m’a dit "Ah super, tu sais que ça peut arriver en vrai ?" Pour elle c’est de la science fiction, genre elle a vu Matrix.»

Avec ses yeux bleus pétillants et son visage juvénile, il n’a pas l’air d’y toucher. Pourtant, ce soir-là au théâtre Montmartre Galabru, niché dans le dix-huitième arrondissement de Paris, les grands-mères prennent cher. Pas très grand, mince, Adrien sait pourtant bien occuper l’espace de la scène. Il s’inspire du quotidien pour ses sketchs. Un élément indispensable pour devenir un bon humoriste selon Antoine Bataille, programmateur du So Gymnase, une salle de spectacle parisienne : « Dans le milieu du stand up, quelqu’un qui est bon arrive à faire des blagues sur des sujets, des thèmes déjà abordés. » Pas facile quand on connait le nombre d’humoristes qui s’y sont déjà essayés. « Adrien arrive à faire rire du quotidien. Ce n’est pas le cas de tout le monde. » précise Antoine Bataille.

« Il gravit les échelons plus vite que la moyenne »

Avec Adrien, ils se sont connus en 2012.« Je l’ai connu au So Gymnase en tant que participant à la scène ouverte que je présente désormais. C’était mon troisième ou quatrième passage sur scène au printemps 2012 » explique l’humoriste. Antoine repère dès lors Adrien et suit, depuis, son évolution. « Adrien progresse très rapidement et gravit les échelons plus vite que la moyenne » constate Antoine Bataille. Les scènes ouvertes et autres plateaux d’humoristes ont besoin d’un présentateur. Le So Gymnase n’échappe pas à la règle. C’est ainsi qu’Adrien devient l’un des présentateurs phare de cette salle à la demande de son gérant. « Il a ce quelque chose en plus, de la rapidité, ces petites choses qui font la différence avec un amateur.Il a des caractéristiques d’un bon comédien. » constate-il.

Enfant, Adrien n’était pas vraiment un clown. Il se contentait de glisser des blagues dans ses rédactions pour faire marrer ses enseignants. L’histoire d’amour entre le jeune homme et l’humour remonte à 1996. A cette époque, Adrien est âgé de 11 ans et écoute beaucoup Rire et Chansons à la radio. Mais la lune de miel ne durera pas. « Quand je suis arrivé dans l’adolescence, il n’y avait plus grand-chose qui me parlait chez les humoristes français. Je trouvais leur humour lourd et très jeux de mots.» Une rupture qui portera Adrien vers la musique. « Comme ça ne me parlait plus, je me suis dirigé vers la musique à ce moment-là. » Né le 19 décembre 1985 au Chesnay dans les Yvelines, Adrien a grandit à Chatou, dans le même département. A 16 ans et demi il décroche un bac ES.

« Je voulais faire des chansons pour Shy'm »

Une fois son baccalauréat en poche, il fait une école d’art. « Je n’ai pas tenu très longtemps parce que c’était un peu poussif, et ce n’était finalement pas trop mon truc. Après j’ai fait une école de musique pendant trois mois, c’était une école de jazz. Là j’ai commencé à donner des concerts. Quand j’ai arrêté les études je voulais faire de la musique. J’ai joué dans des groupes pendant un certain temps. » La basse et la guitare sont ses deux instruments de prédilection. Pendant dix ans, de ses 16 à ses 26 ans il essaye de devenir musicien professionnel. « Après je voulais éventuellement jouer pour des gens. Faire des chansons pour Shy’m par exemple. Mais je ne considère pas vraiment cette activité comme un job, ça devenait compliqué, c’était des compétitions… Puis, je me suis rendu compte qu’il y avait peut-être autre chose à faire. Et, du coup, c’est à ce moment que j’ai commencé à regarder pas mal de stand up sur Youtube. J’ai fait ça pendant un an. Je suis devenu obsédé du stand up américain. Mais je n’avais pas encore intégrer que je voulais en faire moi-même. »

Il mettra un an à l’admettre. « Et j’ai réalisé que je pouvais probablement monter sur scène. Je l’avais déjà fait. » Pourquoi ? « Tu as envie d’avoir un peu d’attention, d’être vu et qu’on t’aime bien.» Adrien l’assure, l’envie d’être sur scène en tant qu’humoriste, il la doit à la musique. Mais avant de donner ses spectacles, comment procède-t-il pour écrire ses sketchs ? Tout commence « par une phrase sans queue ni tête que j’écris en attendant le métro et après je rentre chez moi. Deux-trois jours plus tard, je regarde tout ce que j’ai noté et je vois si je peux partir sur quelque chose. Tu plantes des graines mais tu n’écris pas forcément toutes tes vannes tout de suite… » Dans le milieu du stand-up, son inspiration s’appelle Louis C.K. un humoriste américain à l’humour « spontané ». Pour ce qui est du jeu, Adrien préfère miser sur le naturel et sur sa personnalité. « J’essaye de trouver une manière de dire mes sketchs la moins écrite possible et la plus proche de ma façon de parler. Je ne suis pas forcément comédien mais la seule manière pour moi de faire marrer c’est de rester moi-même le plus possible.»

Pas vraiment fait pour les études, Adrien s’est quelque peu cherché. Aujourd’hui, à 29 ans, il a trouvé sa voie. La musique l’a mené à la scène, la scène l’a conduit au stand up.

Pauline Thuillot

Sebastian Marx, un Américain à l'assaut du stand-up français

L'humoriste Sebastian Marx est Américain. En France depuis une dizaine d'années, il nous raconte ses débuts dans le stand-up français. Une carrière qui l'a conduit à parcourir les scènes ouvertes et dans les studios de radio...

Inès Belgacem, Laura Bruneau, Christophe-Cécil Garnier

Producteur, un métier passionnant

Vendéen, ancien humoriste, aujourd'hui comédien et découvreur d'humoristes à travers son propre festival, Le souffleur d'Arundel, dont il est à la fois directeur et programmateur. Au cours d'un entretien, il présente avec passion son métier de producteur, avant de revenir sur l'importance de celui-ci, mais aussi sur la relation qui lie producteur et humoriste.

Comment découvrir de nouveaux talents ? Renaud Loizeau déniche des humoristes de talent via son propre festival de comédie, Le souffleur d'Arundel. Ce festival est organisé en deux parties, en fonction du niveau des humoristes. Il nous en dit davantage sur ce festival et sur sa vision du métier de producteur.





Pour un humoriste, même si avoir un producteur n'est pas obligatoire, cela reste cependant un élément primordial pour être reconnu. Fournisseur de moyens techniques, le producteur est aussi un véritable conseiller pour l'humoriste.



Objectif de Renaud Loizeau : faire émerger, offrir leur chance à des artistes sur lesquels il "a eu un véritable coup de foudre."



Pour Renaud Loizeau, la relation qui lie un producteur à son poulain est d'abord basée sur la confiance. Le producteur s'avère être un véritable compagnon pour l'humoriste dans la longue route vers le succès.

Pauline Thuillot